les routes du futur


Une navette fluviale sur le canal de Vaires pourrait-elle un jour remplacer l'autobus pour relier Chelles à la station RER A de Neuilly-Plaisance ? En tout cas, quand j'ai écrit ce petit texte, en janvier 2010, la question pouvait encore se poser. Depuis, un projet de métro péri urbain  est venu changer la donne : le futur va vite !
De même, la dénomination "Est Ensemble",   a pris le pas sur ma proposition "Paeripolis". Dommage !



Le Navibus à Nantes

Chelles – pointe de Gournay – octobre 2016

  
      La vieille dame souleva les talons et se tordit le cou dans la direction du vrombissement qui avait rempli le petit air frais d'un lundi matin automnal.
Même ainsi perchée sur les pointes de pied, la vénérable mamie n'empêchait pas la haute stature de Jérôme de la dominer d'une bonne tête et de voir peu à peu la navette verte et blanche se surgir de la brume enveloppant le canal.
      Dans deux minutes, pas une de plus, la vedette de la RATP aurait absorbé la petite troupe qui patientait sur le quai flambant neuf de la station fluviale « pointe de Gournay »
Le transport fluvial avait gardé, pour Jérôme un je-ne-sais-quoi de festif, sans doute lié à ses souvenirs de gamin et il ne pouvait s'empêcher de penser que ce mode de transport était tout de même un poil plus glamour que ce bon vieux bus 113. D'ailleurs, les passagers qui prenaient place à présent avaient l'air détendus, comme s'ils s'embarquaient pour une croisière touristique. Pourtant, il savait que pour la quasi majorité, il ne s'agissait que du trajet domicile-travail quotidien et qu'ils iraient bientôt rejoindre les cohortes de voyageurs de la ligne A du RER en partance pour Paeripolis..     Peut-être l'eau a-t-elle un effet apaisant sur l'humeur, songeait-il en prenant place sur les confortables fauteuils. Il regardait à travers la large baie vitrée les derniers feux de la nuit se refléter mille fois sur les ondulations mourant dans le sillage du navire.
      Celui-ci suivait un parcours parallèle à la Radiale Régionale P 12 l'ex- nationale 34 et on pouvait suivre au loin le ballet rouge et et blanc des phares sur l'axe routier, déjà saturé.
Bientôt, ils s'en écarteraient suffisamment et le bus fluvial se perdrait un instant dans le décor fantastique du parc des Hautes îIes, avant de resurgir pour absorber un dernier flot de passager avant le terminus. Il faudrait alors se serrer un peu, mais, non, définitivement non, rien de comparable à la promiscuité de l'autobus. La largeur du navire permet de disposer d'une assise confortable et ce grand gaillard de Jérôme ne pouvait que s'en réjouir.
Il savait aussi que, outre le confort, la navette fluviale était, de loin, le mode de déplacement le plus économique et le plus écologique qui soit. Outre le fait le déplacement d''une masse sur l'eau exige beaucoup moins d'énergie que sur des roues, le chois du mode de propulsion était particulièrement astucieux . Il prouvait qu'une énergie pouvait être utilisée au moins deux fois !
L'air comprimé du groupe propulseur était en effet « mis en bouteille »dans une unité de production qui jouxtait la station géothermique de Chelles. Du coup, l'effet « cogénération » jouait à plein car la chaleur dégagée par la compression de l'air entrait dans le circuit de la géothermie.
Ce projet, largement médiatisé avait d'ailleurs, pour une bonne part, contribué à crédibiliser le moteur à air comprimé après les déboires de la batterie au lithium, portée à grands frais et comme souvent, dans l'erreur, par les pouvoirs publics.
Jérôme fut tiré de sa méditation par les 3 notes aigrelettes du carillon de débarquement. La croisière s'achevait et il ne tarderait pas à s'agglutiner à la masse compacte des nomades du quotidien, en partance pour Paeripolis.





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